Marie SAC "Pour ne pas oublier"



1841 :
Naissance le 12 septembre à Tréminis. Son père était instituteur dans ce village du Trièves. C'est lui qui assurera son instruction, ainsi qu'à ses deux autres enfants.

1859 : Elle entre comme élève du cours Normal de St Égrève.

1862: Elle termine l'École Normale et obtient son Brevet.

Entre 1862 et 1874 elle sera enseignante à Presles, Monestier de Clermont, Bernin...

En 1871, M. Bayle, vieil instituteur de Vif meurt. Le maître remplaçant M. Chevrier trouve l'école du Prieuré dans « un état de vétusté et de malpropreté sans pareil ».

1873 : Création d'une nouvelle école à Vif. La déclaration d'utilité publique est rendue le 28 août 1873. La propriété Berriat est achetée. Les travaux d'installation commencent : 2 classes de garçons et 2 classes de filles ainsi que des bâtiments municipaux.

1874 : Marie Sac est nommée directrice de l'école des filles. Elle essuie les plâtres dans cette nouvelle école où le mobilier est vétuste et il n'y a aucun matériel pédagogique. Les relations avec le maire Champollion-Figeac seront tendues durant toute cette période.
Mlle la directrice de l'école des filles, une institutrice de 34 ans, taille moyenne, aux yeux d'un bleu profond et qui porte un lourd chignon. Tout habillée de noir avec ses gants et son  chapeau, elle traverse la place (ou ce qui commence à y ressembler) pour faire la très protocolaire visite aux notables locaux; ou bien en tablier et fichu elle vient prendre de l'eau à la fontaine de la place. Sa mère devenue veuve, vient passer l'hiver chez elle, dans son logement de fonction. Chaque matin, ponctuellement, Mlle Sac se rend à l'église pour la messe de 7 heures. Elle revient ensuite dans la maison d'école et reprend sa tâche. Marie à la charge des grandes filles et notamment d'un Cours Supérieur Primaire. En plus de ses élèves de l'école publique, elle garde à domicile des pensionnaires qu'elle loge nourrit et instruit. Beaucoup de famille aisées  de Vif et du canton lui confient leurs filles et font allègrement le sacrifice d'une pension chez « Mlle Sac », car une élève préparée au brevet par ses soins, c'est presque déjà une élève reçue. Pour les soins du ménage Marie Sac est  aidée par une bonne. Elle aura jusqu'à 3 pensionnaires à demeure auxquelles s'ajoutent bien entendu les « leçons particulières ».
En plus de ses fonctions d'enseignante, elle a la responsabilité administrative de l'école et la surveillance pédagogique de l'adjointe.
Marie Sac  se fait vite une réputation de maîtresse exemplaire.
Les mérites de cette institutrice ne sont pas seulement reconnus par ses pairs, mais aussi par l'administration.

1877-78, Marie obtient une médaille de bronze, décernée par son administration pour récompenser les meilleurs instituteurs.

1880 Elle suit de près la bataille municipale pour l'ouverture d'une salle d'asile (une maternelle). Les congrégationniste ont l'intention d'ouvrir une salle d'asile, la municipalité  les prend de court. Le 6 juin 1880 elle décide  l'ouverture de cette école.

1881, au cours de la conférence pédagogique qui a lieu au chef lieu de canton, elle conduit la leçon modèle. Elle reçoit les félicitations de son inspecteur et de ses collègues.

1881-82, Elle obtient une médaille d'argent.

1886 Elle est candidate et élue au Conseil Départemental de l'Enseignement primaire par 241 voix contre 82 à Bony et 52 à Massot. La voilà installée au Conseil où elle interviendra souvent avec efficacité.

1889 Le même scénario se déroule, elle est élue au 2e tour par 255 voix contre 169. Résultats étonnants si l'on considère qu'une direction d'école à Vif n'était pas le meilleur tremplin électoral.

1889 Elle est élue déléguée pour représenter l'Isère à un congrès sur l'instruction, à Paris, à l'occasion de l'exposition Universelle.
On peut dire que l'année 1889 est l'année où la popularité de notre institutrice est à son apogée.

En 1890, l'école installée dans la propriété Berriat en 1874 est devenue vétuste , on décide de démolir et de reconstruire. On va également construire une école à Reymure où le besoin se fait sentir. À la fin 1891 on procède à l'inauguration, c'est le décor que nous connaissons encore aujourd'hui place de la mairie.

1891, A l'Exposition Scolaire d'Avignon, 18 instituteurs et institutrices de l'Isère sont nommés au palmarès et obtiennent 25 distinctions.  Quinze instituteurs et institutrices obtiennent chacun une distinction, 1 institutrice en obtient deux, 1 instituteur en obtient trois. Marie sac en obtient cinq : médaille d'argent pour les « cahiers mensuels », médaille d'argent pour les « travaux d'aiguilles », médaille de bronze pour un « herbier », mention honorable pour les « cahiers journaliers », mention honorable pour son « musée scolaire ».

1891, Elle reçoit enfin les Palmes Académiques, distinction rarement accordée à une femme à cette époque. Les palmes que Mme Chebance, sa nièce, a toujours vu à son corsage mais dont elle ne parlait jamais.
Ces honneurs n'entament en rien sa modestie. Ils récompensent son zèle à instruire les enfants de Vif. Lancée dans cette bataille de l'instruction, elle y consacre sa vie. Elle lutte contre l'ignorance, mais aussi contre le poids des  traditions et la misère. L'instruction des filles ne coule pas de source à cette époque. Elle se bat contre l'indifférence des familles devant la réussite scolaire de leur enfant. Elle lutte contre la résignation de ces familles d'agriculteurs ou de mineurs qui sacrifient l'avenir de leurs enfants. Elle va jusqu'à proposer son aide gratuite pour la préparation du brevet pour une petite fille intelligente mais miséreuse.

En 1898, à 57 ans, Marie sac prend sa retraite. Elle quitte son logement de fonction et emménage juste en face. Elle accueille des pensionnaires pour la préparation du Brevet. Quelques années plus tard elle n'aura plus que des élèves qui prennent des leçons particulières. Elle reçoit sa famille, sa nièce. Elle s'occupe d'une autre nièce, devenue veuve à la guerre de 14.

En 1917,  A la suite d'une opération de la cataracte, elle va s'installer pour quelques temps chez l'une de ses nièces, la mère d'Élise Chebance. Celle-ci écrit « elle admettait d'une enfant les prévenances qui lui pesait de la part d'adultes ». Elle retourne ensuite à Vif.

1920 Très affaiblie elle s'installe chez sa nièce Esther où elle décède le 8 mai 1920. Une foule innombrable d'amis, parmi lesquels beaucoup d'anciens élèves l'accompagne à sa dernière demeure. Marie Sac a voulu reposer dans ce village où elle avait si longtemps travaillé et où l'attachait tant de liens.

MERCI à l'Association des Amis de la Gresse et des environs pour leur remaquable travail de recherche et d'information. Si vous souhaitez plus d'informations sur Marie Sac et l'histoire des écoles de Vif, consulter leur publication "Pour ne pas oublier", n°5 de 1980, en prêt à la bibliothèque de Vif.

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